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Chroniques d'une esthète engagée

Chroniques d'une esthète engagée

"Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. (...) Il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences." Rimbaud


La Planète des Cafards

Publié par Chloë Ange sur 17 Août 2013, 19:28pm

Il y a des soirs où, à 18h24, douchée-démaquillée, on se plante devant le frigo en se disant qu’on grignoterait bien un truc. Faute d’autre chose à faire, en fin de compte. Et pour le plaisir. Sauf qu’on reste là, devant ce maudit frigo, et que rien ne nous inspire. On ferme la porte pour la rouvrir, et… Non, toujours rien. On réessaie une dernière fois, en se disant qu’à défaut de faire apparaitre de nouvelles choses dans le frigo ce geste nous illuminera peut-être de l’inspiration divinement hédonique. Et toujours rien. Un petit conseil, faites-vous une tisane que vous associerez à une activité régressive que vous aimez. Lire un magazine, un comics, faire vos ongles, regarder un film ou, comme moi, écrire.

Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de May B. qui a une théorie intéressante à nous exposer. Cette jeune femme est crieuse de cafards.

Chloë Ange : Dites nous, May, je peux vous appeler May ?, en quoi consiste votre… fonction ?

May B. : Quand je vois un cafard, je crie.

« Pouvez-vous nous expliquer à quelles fins ?

Eh bien ça fait venir mon mari qui le tue, bien sûr !

Mais pourquoi voulez-vous éliminer des cafards ?

Eh bien, ma fonction de crieuse de cafards m’a permis d’observer longuement ces bestioles. Je me suis rendue compte qu’ils étaient les seuls à pouvoir survivre lors d’une explosion de bombe atomique. Imaginez le pouvoir dont ils disposent ! En plus, ils sont moches. »

 

En bonne blogueuse, j’ai décidé d’enquêter. J’ai attendu un cafard. Enfin, au bout de deux jours et trois nuits, il est apparu dans mon salon. Empressée, j’ai fermé les portes et fenêtres, malgré le frisson qui parcourait mon échine à sa vue. Et là, j’ai observé la bête. Longtemps. De longues secondes. Plusieurs minutes même. Puis j’ai fini par craquer, et j’ai hurlé.

Je vous livre donc mes conclusions :

-Effectivement, les cafards sont moches

-Ils déclenchent une réaction naturelle : la TERREUR (berk, imaginez les pattes de ce truc sur vous, quoi ! IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIH !).

Le temps qu’un brave vienne éliminer la chose et je me penchais sur le sujet.

Je pense que les cafards cherchent à nous éliminer.

Voici les faits : ils sont les seuls à survivre en cas d’explosion atomique ; ils s’infiltrent dans les maisons qui sont, je le rappelle, l’habitat naturel de la race humaine aujourd’hui ; il y a la guerre au Mali, en Afghanistan, en « terre sainte », en Egypte, et j’en oublie beaucoup. Voici donc mon raisonnement : je pense que les cafards, à force de longues observations de la race humaine dans les maisons se sont rendus compte que nous étions faibles devant l’énergie atomique. Ils se sont mis à proliférer et ont déclenché des guerres un peu partout. Ils ont même fait buguer des ordinateurs ce qui nous a conduit à la crise financière puis économique que nous traversons actuellement. Tout ça pour nous pousser à bout, à tel point qu’un Pyong Yang mal luné décide d’appuyer sur le bouton rouge et de faire sauter Séoul, et tout le Pacifique tant qu’on y est. Bien sûr, les pays « riches » rétorqueraient eux aussi, et l’humanité disparaitrait plus ou moins sous les bombes atomiques. En plus, c’est bien connu que les cafards sont très gros en Corée du Nord et qu’ils y prolifèrent. Leur taille leur permet de se faufiler partout et de nous murmurer des choses à l’oreille pendant la nuit (théorie développée par May), et ainsi de nous mener à notre perte. Je me demande même si un cafard plus intelligent que les autres n’aurait pas suggéré à Einstein la technologie atomique !  Monsieur Spielberg, changez votre scénario, ce doit être la Planète des Cafards.

En vérité, je ne vois aucune autre explication à la situation mondiale actuelle.

En tant que financière, je me demande comment peut-on oser créer des subprimes ou des Credit Default Swaps ? Les premiers comportent un risque énorme exponentiel : plus on autorise ce type de crédit, moins on peut les glisser dans des poches d’investissement moins risquées sans craindre la faillite de ces poches. Les seconds parient sur le défaut de paiement d’un Etat, en d’autres terme sa faillite pure et simple. Certes, on me répondra que pour les subprimes, on ne pouvait pas savoir, ça a permis à bien des gens d’acquérir une maison, on était en plein boom économique et tout allait bien. Je ne dirai alors qu’une chose : que font les Autorités Financières aux Etats-Unis ? Ou dans le reste du monde ? Ne sont-elles pas censées étudier le risque inhérent à chaque nouveau produit ? Comment peut-on passer à côté d’un tel calcul de risque, d’un tel effet domino potentiel ? En cela, la fin du faux capitalisme très-libéral a du bon. L’Homme ne garde plus qu’un mauvais souvenir d’un système capitaliste à la base construit sur la méritocratie. Les « grands » de ce monde ont eu trop vite d’oublier les travers de la libéralisation totale, qui sont les travers des Hommes contre lesquels l’Etat doit lutter (l’arnaque, la recherche avide de pouvoir ou d’argent à tous prix, moraux ou non) ; et les financiers ont eu trop vite d’oublier que l’économie n’est rien d’autre qu’une succession de cycles : hauts et bas se succèdent, et quand l’économie semble s’emballer il est temps de ranger les jouets. Il faut savoir s’arrêter, mais la mémoire de l’Humanité ne garderait selon les spécialistes pas plus de cinq ans d’économie pour ses comportements quotidiens. Aujourd’hui encore, les problèmes sont toujours présents mais déjà le regain de confiance apparait. Cela na rien de mal, mais de pédalons pas trop vite ou le haut de la pente arrivera plus vite qu’escompté.

En tant qu’humaniste, je ne comprends pas comment on peut laisser le Printemps Arabe se désagréger en quelques mois. A moins d’avoir un quelconque intérêt économique, stratégique, humain ou pétrolier, je n’ai pas vu les pays puissants agir. On me dira qu’il ne faut pas inférer dans les affaires de ces pays. Je suis d’accord. Mais on peut les conduire à traiter leurs problèmes de manière moins violente, on peut éviter que les armées toutes puissantes ne tirent sur les civils qui ne réclament qu’un droit de parole. Je finis par croire que la guerre fait partie de la nature humaine. Ceci dit, d’après les calculs de Malthus, il faut bien qu’il y ait des morts si nous voulons vivre, en tant que race. Ces calculs devraient pouvoir être retardés pourtant : commençons par éduquer les pays de Nord à redistribuer leurs excédents de nourriture au Sud, et par éduquer les pays du Sud à l’organisation du travail, capitalisme de préférence afin de supprimer d’avance le despotisme. Les ONG qui y restent « à vie » n’ont rien de bon pour ces pays, elles se contentent de créer une dépendance. Mais ça les arrange bien, car si tout va bien, comment seront-elles rémunérées ? A quoi serviront-elles ? Je ne pense pas que cette éducation soit si dure à donner, la preuve : les pays colonisateurs ont su la transmettre aux pays colonisés. Certes, par la colonisation, période pas forcément fun. En vérité, je crois sincèrement qu’il existe un intérêt mondial à entretenir la pauvreté et le manque d’éducation dans les pays dits « du Sud ». Et pourtant, le regain de croissance que provoquerait l’émergence de l’Afrique serait gigantesque.

Je n’en reviens pas non plus que l’on laisse M. Poutine faire passer des lois homophobes sur le sol Russe (interdiction de promulguer des relations sexuelles « non traditionnelles » auprès des mineures, et interdiction d’adopter des enfants russes pour les couples homosexuels ou les célibataires issus de pays ayant autorisé le mariage et l'adoption pour les couples de même sexe). On m’a répondu « oui, mais il a été élu par le peuple russe ». Fort bien ! Je réponds deux choses : la première, la majorité ne doit pas écraser la liberté de la minorité. A mon souvenir, on n’interdit pas la propagande des indépendantistes en Corse ou en Nouvelle-Calédonie, on n’interdit pas aux partis d’extrême droite d’exprimer leur envie de réfréner l’arrivée d’étrangers (autrement dit leur racisme ; seules la discrimination sur le marché de l’emploi ou les insultes racistes sont interdites en France). Et enfin, à mon souvenir, la dernière fois que l’on a laissé un « gentleman », comme on l’appelait, faire passer des mesures durement discriminatoires dans son pays, il avait certes été élu par le peuple Allemand, mais il ne voulait pas tous les représenter. Monsieur Poutine, vous êtes en charge de l’ensemble du peuple russe, qu’il soit homosexuel ou non.

Pour en revenir à Malthus, je me doute que certains d’entre vous se sont dits « oui, mais si on leur permet de se développer, cela n’arrêtera pas leur croissance démographique, au contraire », et bien d’une part ces populations « éduquées » feraient certainement moins d’enfants, d’autre part… je n’ai pas de solution. Pas de solution humaniste, en tous cas.

J’aimerais terminer en rappelant une chose : l’Humanité est composé de sept milliards d’êtres humains, qui ont tous le pouvoir de « changer les choses » : je ne crois pas au principe d’atomicité comme une fatalité, je pense que le véhicule type « bouche à oreille » est bien plus puissant : c’est en changeant le comportement d’un père, de sa famille, que cela changera celui de ses amis, de la famille de ses amis, etc. Regardez la vitesse de propagation du préservatif face à la menace du SIDA ! Dites-vous que la faim est une menace toute aussi pesante que la maladie. Alors, le Nord donnera au Sud, et le Sud s’organisera pour atteindre le niveau du Nord.

Mais au final, ne faut-il pas des pauvres pour avoir des riches ? Ou doit-on tous avoir la même richesse ? Que signifie une meilleure répartition de la richesse mondiale ? Cela ne mènera-t-il pas seulement à augmenter globalement le niveau mondial de vie tout en conservant des inégalités ? Si. Mais c’est en forgeant que l’on devient forgeron, et les petits pas se succédant, l’Humanité s’améliore. Du moins, je préfère croire en ça.

La Planète des Cafards
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