Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Chroniques d'une esthète engagée

Chroniques d'une esthète engagée

"Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. (...) Il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences." Rimbaud


Confidences d’une fille qui s’est beaucoup trompée : guide du libertinage académique à l’intention des financiers et des autres

Publié par Chloë Ange sur 15 Septembre 2013, 08:03am

Catégories : #Chronique

De nombreux financiers se sont levés un matin pour tout lâcher. L’un d’eux est devenu moine. La finance est un monde exigeant, un monde où vos principes si vous en avez seront mis à mal, un monde qui règnera sur vous et un système qui vous laissera peu de latitude. C’est un moule qui se coulera autour de vous, et non l’inverse. Dans ma représentation spirituelle, il vaut mieux changer de voie à 20 ans qu’à 35.

Ce que je vais vous raconter ci-après n’est qu’une illustration d’un sujet plus sérieux : votre cursus, CV, destin, appelez ça comme vous voulez. Et comme on ne peut parler que de soi, je me raconte à vous.

De la même manière que le font les browniens simulés dans une méthode monte carlo de pricing d’option path-dependant, j’ai emprunté un grand nombre de chemins. Souvent, arrivée à un certain point de ce chemin, j’arrivais à en prévoir une possible issue, et la plupart du temps, elle ne me faisait pas kiffer du tout. Du coup, je bifurquais et je recommençais. J’éprouve pour mes sujets d’études des amours sinusoïdales, oui messieurs-dames, l’amour sinusoïdal existe. C’est comme un amour cosinus, modulo Pi/2 de décalage en abscisse. C’est comme une relation fusionnelle avec le chocolat : on l’aime jusqu’à en grossir, alors on le déteste, on mincit, on l’aime à nouveau, etc. Avec un tel profil volage comment aurais-je pu savoir, à 23 ans, ce que je voulais dans la vie ? [« On n’est pas sérieux, à vingt-ans » disait Rimbaud.]

J’ai touché un tas de truc : les maths en maths sup’, l’économie en prépa et en licence, un mélange des deux en finance de marché, et puis finalement en t = maintenant, j’ai choisi d’être journaliste.

Si je vous raconte tout ça, c’est pas pour vous raconter ma vie, c’est pour vous la beauté de la vie : au bout de six ans d’études supérieures je commence seulement à entrevoir mes adéquations possibles avec la réalité. Et ce qu’il y a de génial (ou de scandaleux selon votre affection pour le risque et le changement), c’est que dans six ans, je pourrais bien dire que je m’étais encore trompée !

Les hommes sont des options path-dependant avec pour sous-jacent leur personnalité. Le pari qu’on fait repose sur x et t (x la voie choisie et t la date du choix) : exercer notre option « choisir cette bonne voie x » (celle en adéquation avec nous-même au temps t) au bon moment t. Et cette adéquation dépend fortement du chemin parcouru avant. Parce que choisir la bonne voie c’est figer en quelque sorte notre environnement pour un temps (deux ans pour un master, trente ans pour avoir un enfant) dans un état en adéquation particulière avec notre esprit à cet instant précis.

Trompez vous vous-même.

Je me trompe, donc je suis.

« On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitudes qu’il est capable de supporter. » E. Kant

(Je te trompe, donc notre relation n’est plus, ça marche aussi.)

Confidences d’une fille qui s’est beaucoup trompée : guide du libertinage académique à l’intention des financiers et des autres
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents