La contraception hormonale peut-elle vous mettre le cerveau à l'envers ? Je réponds oui dans cet article, et pour le vérifier je me suis lancée dans une petite expérience : un mois sans hormones ajoutées. Elle a été si concluante que j'ai fait le choix d'en rester là avec la contraception hormonale. Vous retrouverez mon carnet de bord en introduction de l'article .
Carnet de bord : ma vie sans hormones ajoutées : quelques temps sans contraception hormonale, après retrait d'un implant contraceptif
Jour 1 à 3 : les pertes marrons diminuent sensiblement jusqu’à disparaître quasiment, forte nausée et migraine ressenties jusqu’au soir du troisième jour. Anxiété en baisse dès le jour 3.
Jour 4 : ce matin, j'ai réussi à me lever 3 heures plus tôt que d'habitude, sans trop d'effort. Ni nausées, ni maux de ventre pour la première fois depuis plus d'un mois. J'ai des envies et un regain de motivation. L'anxiété que je ressens habituellement au réveil a fortement diminué. Après-midi : premier jour de règles, une semaine après les dernières. Migraine.
Jour 5 : Fin des règles. Etrange. Retour des pertes marrons. Je suis pleine d'énergie, surtout le soir !
Jour 6 : Violent mal de tête, j'ai fini par prendre un aspirine le matin, ce que je fais rarement. Grande fatigue et difficulté à supporter les bruits et l'agitation ambiants.
Jour 7 & 8 : J'ai passé mes nuits à faire des cauchemars. Parfois même le matin, à demi-éveillée, je n'arrivais pas à me sortir de ces délires. La fatigue est pesante et j'ai la sensation d'avoir une barre au-dessus des sourcils, bien que je ne sache pas s'il faille l'imputer à l'implant, puisque je suis en angoisse permanente depuis trois-quatre jours (mais cela aussi peut être amplifié par les hormones ajoutées).
Pour le reste, je me lève de bonne humeur, je suis capable de gérer à nouveau ma motivation et de me pousser à fond dans mes études ; je gère mes émotions avec à nouveau la même facilité qu'avant la pose de l'implant ! De nouveau, je ressens l'envie et même le devoir de sourire à la vie, de relativiser, de me pousser pour atteindre les objectifs que je me fixe. Le besoin de me confier à tout mon entourage s'est fortement calmé (un des symptômes du troubles dysphorique prémenstruel) et je suis en mesure de recevoir les émotions négatives et positives, de les accepter sans avoir à les vomir immédiatement via FB ou texto dans l'oreille d'un confident.
Mes pensées sont à nouveau rationnelles (je le vois rien qu'au nouveau cheminement de mon esprit face à la rupture que je traverse) et je n'ai pas fait de crise de colère depuis trois semaines, soit environ la date où je me suis rendue compte de l'impact des hormones sur moi. Si les premières semaines je me contentais de me taire la plupart du temps pour éviter de crier, à présent je ne ressens plus la colère permanente qui bouillonnait en moi. Lorsque je suis fatiguée ou que je ne supporte plus les bruits ambiants, je suis en état de le dire posément ! :D Mon cycle menstruel semble être de retour à la normale et je ressens à nouveau du désir pour certaines personnes, chose qui avait quitté ma vie sur la pointe des pieds depuis décembre !
Jour 9 : les comportements palliatifs (me ronger la peau des ongles, manger plus que la faim et régulièrement) sont plus facilement maîtrisables. J'ai moins d'appétit aussi, d'ailleurs j'ai repris un jeûne intermittent et cela ne m'a pas gêné, j'en ai au contraire ressenti le besoin. Je mange donc entre 13h et 21h maximum, mais en général je me contente d'un repas avec dessert.
La sensation de fatigue s'atténue, j'ai pu profiter d'une longue promenade en stand-up paddle de 10,7km ce matin, à jeun et en arrivant à rester longuement concentrée sur la technique.
A nouveau, j'ai envie d'être heureuse et je parviens à profiter des petits instants du quotidien, comme ce soir où je me contente d'une tisane et d'un bon film, seule dans un appartement. Le besoin d'être constamment entourée de personnes laisse place à une nouvelle forme de calme intérieur, pas encore constant. Je réussis à mieux gérer l'angoisse et à me raisonner, à la rationaliser. Elle revient vers un niveau "normal" pour moi et ses raisons m'apparaissent à nouveau clairement. Les pensées déprimantes ont à peine pointé le bout de leur nez aujourd'hui, mais j'ai eu vite fait de les envoyer balader cette fois ! C'était une sensation carrément géniale ! Tellement qu'ensuite je me suis dit "c'est un peu beaucoup trop pas assez calme à l'intérieur de moi... y'a quelque chose qui cloche", mais non, rien ne clochait, j'éprouvais un sentiment simple de sérénité... Incroyable. Je relativise mes soucis et la vie me paraît plus belle, plus douce.
Ce matin, tôt, je me suis énervée pour la première fois en 2-3 semaines. Mais je n'ai haussé la voix qu'une fois avant de m'imposer le calme, et je n'ai ressenti de la colère que pendant une ou deux minutes. Rien d'autre qu'une manifestation (quasi ?) normale du caractère sanguin familial :)
Jour 10 : je suis tellement zen que j'ai moi-même du mal à le croire ! Aujourd'hui, deux événements se sont produits qui, il y a quelques semaines, m'auraient mise dans une rage folle. Ce matin, j'avais des formalités administratives à remplir. Arrivée à l'établissement, je me rends compte que j'ai oublié de prendre de quoi payer. J'avais donc fait un trajet pour rien. Je n'ai pas ressenti la moindre minuscule colère. Merveilleux. Pas même de l'agacement, c'est dire ! Cette après-midi, l'un de mes élèves est arrivé en retard à son cours particulier, parce qu'il s'était trompé dans son emploi du temps. J'ai ressenti de l'impatience au bout de 40 minutes de retard, impatience que j'ai canalisée en mois d'une minute. UNE minute !
Non seulement cela, mais pas une seule crise d'angoisse qui m'ait saisie aujourd'hui ! Ecouter une chanson d'amour ne me rend même pas triste. Je me sens... inatteignable, blindée, en maîtrise de moi. Je suis en mesure d'utiliser mon cerveau cartésien sur mes peurs et mes émotions. C'est fabuleux.
Ma capacité de concentration s'est accrue. Tout au long de la journée, j'ai réalisé que je n'avais pas besoin de ma To-do list pour me souvenir de ce que j'avais à faire, quand et ce que je devais récupérer. Mieux ! Je retenais des choses et des détails que je n'avais pas notés ! En rentrant de mon cours, j'ai commencé à écrire ce compte rendu du jour 10 dans ma tête, et une musique passait à la radio que j'aimais. J'ai pu retenir non seulement les quelques phrases que j'avais en tête mais aussi les paroles de la chanson et même celles de la suivante, le tout dans les deux langues que je parle couramment. Cela peut paraître anecdotique, mais je suis honnêtement impressionnée.
Enfin, j'ai trouvé la motivation de me lever aux aurores pour aller plonger avant de faire la totalité de ma to-do list, alors que j'avais passé une très mauvaise nuit (j'ai regardé La Vie d'Adèle, je vous dit pas le bouleversement !). Je me suis autorisée une heure et demie de sommeil et, là encore, chose que je ne parvenais plus à faire : j'ai dit à mon cerveau de s'éveiller à 14h30 et c'est exactement ce qu'il s'est produit.
Plus aucune migraine.
Je souris toute seule en voiture, je n'ai plus peur de tout, je suis joyeuse de peu et je savoure mon calme intérieur. =) Bordesamaman !
Jours 11 à 14 : les deux premiers jours ont été douloureux : ovaires gonflés et sensibles au toucher, voire même douloureux sans y toucher, le ventre gonflé à bloc quoi que je mange, des envies de sucré, des douleurs articulaires, des maux de ventre et une infernale anxiété et nervosité. Je pense qu'il s'agit de la période ovulatoire, et que j'entre en syndrome prémenstruel. Cela s'est calmé au bout du second jour, et depuis je tiens une forme de malade. J'ai peu dormi ce weekend, ce qui ne m'a pas empêchée de faire la fête toute la nuit et d'enchaîner sur du sport ou des activités le lendemain - surtout le dimanche avec une compétition de stand up paddle. Je me sens à nouveau calme et c'est incroyable mais j'ai vraiment l'impression de me retrouver. De retrouver qui je suis, ma manière de penser, de canaliser mes émotions et d'utiliser mon énergie à bon escient. Je me sens en paix avec moi-même. Pendant les jours 13 et 14 j'ai à peine senti une pointe de stress, aucune colère, j'ai été particulièrement détendue même avec des étrangers ou une foule de monde qui m'entourait, je me suis ouverte à des rencontres et je me sens sentie bien, pas inquiète des regards des autres, simplement correcte et assumée. Et ça, je ne l'avais pas connu depuis des mois ! Mon esprit est clair et j'arrive à mettre de côté pendant le weekend ce que j'ai à faire, à me détendre vraiment, c'est un renouveau pour moi.
N'ayant pas eu de règles pendant 4 ans grâce à ma pilule, et ayant été sous hormone depuis mes 16 ans, je redécouvre mon cycle menstruel naturel. Mais en tant que femme, cette fois. Je suis capable d'apprécier et de sentir les changements qui se produisent dans mon corps et étrangement... j'aime ça.
J'ai fait quelques recherches sur le stérilet et ses effets secondaires. Sont avérés qu'il rallonge régulièrement les règles de 2 à 3 jours et accroît les douleurs et les crampes ressenties à ce moment-là. Certaines femmes se sont plaintes de troubles de l'humeur également, mais rien n'est sûr. J'ai donc décidé de ne pas me faire poser de stérilet et de me contenter des préservatifs dans un premier temps, et de revenir vers Cérazette si besoin est.
Je suis maintenant persuadée qu'en termes de contraception il faut éviter deux choses : les hormones et les solutions à long terme comme implant et stérilet parce que leurs poses et leurs retraits n'ont rien d'une partie de plaisir et qu'ils demandent donc plus de temps pour en constater les effets et plus d'effort pour choisir de les retirer. Mieux vaut quelque chose de temporaire que l'on puisse cesser d'un coup et sans désagrément si besoin est.
Jours 15 à 19 : syndrome prémenstruel, encore et encore. Les douleurs aux ovaires ont laissé la place à des envies de sucré, quelques maux de tête plus ou moins intenses et une poitrine hyper sensible. Les quinzième et seizième jours ont éprouvé ma concentration, m'ont rendue un peu irritable, et je n'ai pas beaucoup travaillé durant ces 8 jours de PMS. Le bas-ventre et les crampes ont débuté le 19ème jour, avec les troubles intestinaux qui y sont associés, évidemment.
Jours 20 à 24 : elles sont là ! Mes règles sont enfin arrivées, et en fanfare ! C'est assez étrange de retrouver un tel flux après 4 ans de tranquillité. Je porte une cup à la place des traditionnels tampons, et j'ai bien dû la vider 3 fois par jour pendant les 3 premiers jours de règle ! Les deux derniers jours, un flux ridicule. La sensibilité de la poitrine s'est atténuée jusqu'à disparaître. Les crampes et les spasmes ont été très violents, j'avais oublié ça. Je me suis sentie très faible les deux premiers jours, mais j'ai réussi à faire mon entraînement de musculation haute intensité en mode superslow (à vrai dire j'ai probablement fait la meilleure séance de ma vie), ce qui me fait dire qu'on est vraiment capable de tout, règle ou pas règle. Aussi, je n'en ai plus peur. Je peux plonger, faire des tractions, peu importe : cela n'entrave pas mes capacités physiques, simplement le côté intellectuel. L'anxiété a quasiment disparu, et je flotte sur un nuage depuis près de deux semaines sans raison aucune. Je me sens maître de moi-même. Je n'ai pas l'intention de reprendre une quelconque contraception hormonale.
Certain-e-s d'entre vous se demanderont comment cela se passe côté sexuel : préservatif, un point c'est tout. Si vous avez du mal avec le latex, sachez que c'était aussi mon cas avant d'arrêter les hormones. Il m'était simplement impossible de supporter le préservatif plus de quelques minutes, cela m'irritait et je n'étais jamais assez lubrifiée. Aujourd'hui, ce n'est plus un problème. Les sécrétions vaginales ne sont plus entravées par une quelconque contraception hormonale, le latex ne me gène plus et - ô joie - je ne suis pas tombée enceinte. De plus, je sais que mon ovulation arrive aux alentours du 6ème jour, ce qui signifie que les 4 premiers jours du cycle sont sans risque côté fécondité ! Enfin, la "méthode du retrait" est toujours possible et il est de mon côté hors de question d'entretenir une relation sexuelle avec un homme qui n'ait pas appris à la pratiquer et à se contrôler (passée la vingtaine, tout de même...)
En bref : j'ai gagné une stabilité émotionnelle incroyable, j'ai retrouvé ma libido, un esprit clair, ma peau se lisse et pas un bouton d'acné a osé orner mon visage au moment des règles, ma maladie de Verneuil (qui est une forme d'acné sous forme d'excès de sébum sous la peau qui gonflent et forment de grosses bosses dures, c'est une maladie génétique) s'est à peine manifestée et tout ça pour quel prix ? Trois jours de crampes et de saignements assez intenses. Je dis oui, j'embrasse le naturel et je choisis de rester SANS HORMONES AJOUTEES.
Voici mon témoignage sur les effets secondaires d’une contraception hormonale inadaptée et notamment les troubles comportementaux qu’elle peut causer. Pour mesurer l’impact qu’a pu avoir l’implant contraceptif sur ma gestion émotionnelle, j’ai choisi de demeurer quelques temps sans contraception hormonale, et de tenir en ligne un carnet de bord – ci-dessus.
Cet article est sujet à évoluer. J’aimerais l’enrichir de témoignages. Si vous souhaitez témoigner, n’hésitez pas à m’envoyer un mail !
Je ne suis pas en croisade contre une quelconque méthode de contraception, qu’elle soit hormonale ou non. Simplement, j’aimerais sensibiliser et informer les femmes qui, comme moi, découvrent tout ça et se posent des questions sur leur cycle, les hormones, la contraception. Jusqu’à il y a peu, je ne pensais pas que les hormones pouvaient avoir un impact aussi fort sur le comportement. Pourtant, mon histoire n’a rien d’un cas isolé. Je me suis entretenue avec de nombreuses jeunes femmes qui ont expérimenté des troubles du comportement, entre autres effets secondaires, avant de trouver une contraception qui leur était adaptée. Il est important de le savoir parce que de telles anecdotes peuvent avoir des conséquences douloureuses sur votre quotidien. Comme l’a dit un médecin à une amie « un déséquilibre hormonal peut avoir des effets désastreux sur la vie d’une femme ».
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Le 1er octobre de l’année 2014, après un mois de réflexion, j’ai abandonné ma fidèle pilule Cérazette® après quatre années de bons et loyaux services (autrement dit, grâce à elle, j’avais jusque-là évité les pleurs d’une petite chose rose et gluante – je plaisante !) pour l’implant Nexplanon®.
Pourquoi ?
Cérazette® est une pilule microdosée et progestérone seulement qui ne tolère que 12h maximum de retard dans sa prise, et il se trouve que c’est la seule qui me convient. Ces 12h de battement ne me convenaient pas, j’ai la tête en l’air et comme la pilule me faisait le bonheur d’éviter la semaine sanglante, c’était parfois un peu le stress. J’avais également eu un kyste fonctionnel à l’ovaire 9 mois plus tôt (qui a bien failli me permettre de répondre à la question « y a-t-il une vie après la mort ? » deux fois en deux jours, grâce à une première hémorragie interne et à petite erreur du chirurgien qui a un peu écorché mon artère en me réparant l’ovaire) et Cérazette® favoriserait l’apparition de ces kystes.
Je n’ai pas pris Cérazette® pour tester les effets de la progestérone sans œstrogène sur mon organisme, comme le prescrivent –à tort semble-t-il – nombre de gynécologues avant la pose d’un implant. Je dis à tort parce qu’il se trouve que la molécule contenue dans l’implant n’est pas identique à celle contenue dans Cérazette®, que la voie d’administration est différente et que l’on a constaté que, fréquemment, la bonne adaptation à l’un des deux contraceptifs ne permet pas de prédire ce qu’il en sera avec le second. La seule chose qu’ils ont en commun c’est de délivrer uniquement de la progestérone.
Dans mon cas précisément, alors que Cérazette® était très bien supporté par mon corps – aménorrhée, pas d’acné, disparition des douleurs et des syndromes prémenstruels et aucun effet secondaire à noter à part, peut-être, ce kyste bien que cela reste une hypothèse faite par une seule spécialiste – l’implant a été un véritable fiasco.
Asseyez-vous bien, je vais vous raconter une petite histoire…
Comment fonctionne la contraception hormonale ?
Dans n’importe quelle contraception hormonale, la dose d’hormone que votre corps reçoit est 20 à 50 fois supérieure à celle qu’il produirait de façon naturelle.
En pilule estroprogestative, l’ovulation est bloquée, la glaire cervicale (au niveau du vagin) devient imperméable à la migration des spermatozoïdes vers la zone de contact/danger/d’alerte, l’endomètre devient impropre à la nidation : les modifications de la paroi intérieure de l’utérus, nécessaires à la nidation, sont bloquées. En pilule et implant progestatifs, l’ovulation est bloquée et la viscosité de la glaire cervicale est accrue.
Les efficacités pratiques vont de 91% pour les pilules à 99,9% pour l’implant Nexplanon® (Implanon® a été inculpé pour de nombreux cas de grossesses).
Jetez un œil à ces 4 liens essentiels :
Quelle contraception choisir en fonction du contexte
L'analyse en date de 2013 par la Haute Autorité de Santé des méthodes contraceptives
Le tableau comparatif des méthodes contraceptives, établi par les Autorités Publiques
Pilule : on vous cache la vérité depuis 30 ans
Le dernier article est alarmiste et, je pense, à prendre avec des pincettes. Néanmoins, il nous en dit beaucoup sur les faces cachées de la pilule, celles que l’on ne nous enseigne pas aux cours d’éducation sexuelle à l’école. Contrairement aux femmes et spécialistes cités dans l’article, je vivais personnellement mon absence de règle, avec Cérazette® (nope, je ne reçois rien chaque fois que je cite le nom de cette pilule) avec un profond épanouissement.
Avant de passer à l’implant, je ne savais même pas que le syndrome prémenstruel existait ! Et je riais au nez de celles qui se plaignaient de leurs « hormones »… Bien mal m’en prit. Parce que j'ai passé ces cinq derniers mois en "PMDD" (ouaip, ça fait peur quand on lit le Wikipédia de ce truc, hein ? ;D)...
En sachant que le syndrome prémenstruel et le trouble dysphorique prémenstruel existent dans la phase lutéale (entre l'ovulation et le premier jour des règles, cette phase est dite progestative parce qu'elle est déclenchée par un pic de... progestérone, pardi !) chez certaines femmes sans être causés par l'adjonction d'hormones supplémentaires, il est possible d'imaginer les dégâts causés par un déséquilibre hormonal. Surtout lorsque ce déséquilibre provient d'un progestatif diffusé en continu...
Je me souviens que deux semaines après la pose de ce petit tube de plastique dans mon bras gauche – je pouvais sentir sa queue en tire-bouchon sous ma peau – je me plaignais à ma mère de mes sautes d’humeur. Ce à quoi elle répondait « ah ben oui on a remarqué ! » Je suis quelqu’un de sanguin, aussi j’ai imputé les premiers effets assez violents à l’implant, puis lorsqu’ils se sont tassés j’ai simplement cru que la fin d’une année éprouvante me tapait sur les nerfs. Aujourd’hui, je me souviens de deux anecdotes en particulier.
>> J’étais à un barbecue avec des amis et mon amant de l’époque. Et j’ai passé une bonne heure à dévorer trois assiettes remplies de légumes, de viandes et de tous les gâteaux apéritifs qui me passaient sous la main. J’étais une ogresse assise sur un siège en osier et, adorablement, l’homme m’avait apporté une assiette largement tassée devant laquelle les autres garçons tiraient des yeux ronds. Dans mon esprit, il était d’ailleurs hors de question que qui que ce soit s’approche de ma nourriture et je grognais chaque fois que l’un s’y essayait. Ca les faisait rire et, à ce moment, mon partenaire a dit « elle est en PMS », soit syndrome prémenstruel.
>> Un mois avant, environ quatre semaines après la pose, j’avais préparé un dîner pour fêter avec le chéri en question nos trois premiers mois. Il est arrivé avec trente minutes de retard, et je l’ai accueilli avec une très, très grosse colère. En sortant de chez le médecin post retrait de l’implant, je me suis souvenue qu’à ce moment-là ma colère ne venait pas directement de son retard, non.
Ce jour-là j’avais cuisiné des frites de patates douces, pour la deuxième fois. Le premier test, deux jours auparavant avait été concluant mais ce jour-là je n’avais pas pu lui faire goûter mes frites parce que, affamée, je les avais littéralement dévorées. Me sentant coupable, j’avais décidé de lui en préparer pour ce dîner romantique. Sauf que, par un malheureux accident, le bouton « grill » de mon four ne s’est pas débloqué, que je n’ai pas retiré les frites à temps parce qu’il était en retard, et qu’elles ont brûlées. Sur le coup, quand mon petit frère a réussi à débrancher le four et moi à débloquer le bouton, j’ai éclaté de rire : chaque fois que j’arrive à cuisiner quelque chose de bon, il faut forcément que j’en fasse brûler une partie ! Ma maman est arrivée dix minutes après, me causant un ascenseur émotionnel – non, ce n’est pas lui qui arrive, malheureusement – avant de se moquer de l’odeur de brûlé qui régnait (je ne vous parle pas de la fumée dans la cuisine !)… Ça m’a beaucoup vexée et je me suis dit que le monsieur allait lui aussi se moquer de moi parce qu’avec Maman ils aimaient me taquiner au sujet de ma cuisine. Je me souviens même que j’ai eu envie de pleurer à l’idée qu’il se moque, à l’idée que j’avais encore raté l’occasion de lui faire goûter mes frites de patates douces, ça m’a rendue triste, je me suis sentie coupable et tout ça m’a mise en colère, à peine dix minutes après avoir ri.
J’ai aboyé sur ma mère que c’était parce que monsieur était en retard que j’avais fait brûler mes frites (à ce moment il n’avait que quinze minutes de retard) et je suis partie m’enfermer et bouder. Et la colère a grimpé pendant les quinze minutes suivantes… J’ai imputé cette colère à son retard en me disant que ça voulait dire qu’il se fichait de moi, et autres jolies généralités que nous faisons souvent en amour. Mais non, c’était juste une histoire de patates frites et brûlées. Réaction de « femme enceinte » !
Des anecdotes comme celles-là, j’en ai un sacré paquet et j’ai essayé d’expliquer ces grosses crises de colère de façon rationnelle, sauf que j’avais oublié certains petits détails sous l’effet de la charge émotionnelle – comme le coup des patates frites, par exemple. J’ai arrêté de chercher des causes rationnelles à ces crise il y deux semaines, quand un ami m’a parlé des effets secondaires provoqués par l’implant sur une de ses amies.
Trois mois après la pose de l’implant les effets secondaires « visibles » ont commencé à apparaître : règles très fréquentes et « pertes marrons » quotidiennes, aggravation de ma maladie de Verneuil, apparition d’acné. Avec le temps, les effets sont devenus plus nombreux : envies de sucre, puis plus envie de rien, je n’arrivais plus à me lever le matin, une libido totalement altérée, nulle la plupart du temps avec des pics, des seins douloureux, des règles douloureuses, des nausées fréquentes, des migraines fréquentes, des étourdissements, des bouffées de chaleur.
Quand cet ami a mentionné l’altération de la libido provoquée par l’implant, j’ai réalisé que tous ces effets secondaires « visibles » pouvaient provenir de l’implant. J’ai commencé mes recherches. Et puis, une amie m’a parlé par hasard des troubles émotionnels provoqués par sa nouvelle pilule. Et j’ai poursuivi mes recherches afin de savoir si l’implant a des effets connus sur la psychée. Je n’ai pas été déçue :
Effets indésirables possibles du médicament NEXPLANON
Très fréquents (plus de une femme sur 10) : acné, maux de tête, prise de poids, tension des seins, règles irrégulières, diminution de l'importance ou de la durée des règles, infection vaginale.
Fréquents : augmentation de l'appétit, état dépressif, irritabilité, nervosité, diminution de la libido, étourdissments, bouffées de chaleur, perte de cheveux, douleurs abdominales, nausées, ballonnements, perte de poids, règles douloureuses.
Rarement : hypertension artérielle, peau grasse, grossesse extra-utérine,réaction allergique.
J’ai donc fait retirer mon implant dès lundi, 8h40. Un véritable gag d’ailleurs…
Le médecin m’a anesthésiée localement. « Je sens encore vos doigts, vous savez ? » « C’est normal », répond-il. Et il commence à me tâter le bras pour trouver l’implant. « C’est moi qui vous l’ai posé ? » « Oui, pourquoi ? » « Je l’ai mis profond, j’ai du mal à le trouver ! » Une vraie comédie à l’anglaise.
Résultat, c’est moi qui me tâte et qui trouve l’implant pour lui. Là, il sort un truc coupant… Et la suite est gore, parce que dites-vous que l’anesthésie n’avait pas franchement bien fonctionné : j’ai distinctement senti la douleur lorsqu’il m’entaillait le bras. Ensuite, il a passé cinq minutes à essayer d’amener l’implant vers la plaie, pendant que je jurais comme un charretier. Il s’est saisi d’une espèce de pince, je crois. Je ne regardais pas mais je sentais tout, et j’ai senti la pince sous ma peau, qui farfouillait dans mon bras et essayait d’attraper le bout de plastique. Là, j’ai craqué et il a décidé de me faire une injection de trucmuche-line. J’ai dit « peu importe, ce que vous voulez, mais faites un truc ». J’ai senti l’aiguille plantée directement dans la plaie et ensuite, POUF ! Je ne me suis jamais autant concentré sur un plafond qu’à ce moment-là parce que je ne sentais plus la moitié de mon bras et que je faisais un réflexe vagal : nausée et étourdissement. Quand il a fini par s’exclamer « je l’ai ! » en me montrant le bout de plastique rougi par le sang, j’étais sacrément soulagée. Ca faisait dix minutes qu’il farfouillait dans mon bras. « On l’a posé il n’y a pas longtemps mais déjà il s’était bien incrusté sous la peau », me dit-il encore. Et moi de penser que c’était clairement la dernière fois que je faisais pareille bêtise.
Suite à cette histoire, j’ai décidé deux choses : la première passer au moins un mois sans contraception hormonale. La seconde, écrire un article pour témoigner de ma mésaventure et tenir un journal en ligne pour raconter ma vie sans hormones ajoutées.
Cet article est sujet à évoluer. J’aimerais l’enrichir de témoignages. Si vous souhaitez témoigner, n’hésitez pas à m’envoyer un mail !
Je ne suis pas en croisade contre une quelconque méthode de contraception, qu’elle soit hormonale ou non. Simplement, j’aimerais sensibiliser et informer les femmes qui, comme moi, découvrent tout ça et se posent des questions sur leur cycle, les hormones, la contraception. Jusqu’à il y a peu, je ne pensais pas que les hormones pouvaient avoir un impact aussi fort sur le comportement. Pourtant, mon histoire n’a rien d’un cas isolé. Je me suis entretenue avec de nombreuses jeunes femmes qui ont expérimenté des troubles du comportement, entre autres effets secondaires, avant de trouver une contraception qui leur était adaptée. Il est important de le savoir parce que de telles anecdotes peuvent avoir des conséquences douloureuses sur votre quotidien. Comme l’a dit un médecin à une amie « un déséquilibre hormonal peut avoir des effets désastreux sur la vie d’une femme ».
Pour mesurer l’impact de l’implant sur ma gestion émotionnelle, j’ai choisi de demeurer quelques temps sans contraception hormonale, de laisser mon corps revenir à son cycle naturel et d’en observer les effets. J’espère que mon témoignage aura son utilité.