Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Chroniques d'une esthète engagée

Chroniques d'une esthète engagée

"Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. (...) Il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences." Rimbaud


"Beautiful isn't it? The sunrise." | GRAVITY : essoufflant

Publié par Chloë Ange sur 31 Octobre 2013, 08:26am

Catégories : #Critique

C’est un peu comme si Cuaron lâchait pendant une soirée : « désolé les gars, je n’aime pas le cinéma d’aujourd’hui, je vais le réinventer, on se verra à l’avant première ! »

Je m’attendais à prendre une claque, quand Première titrait « Gravity, meilleur film de l’année ? » mais une claque de cette intensité ?

Parlons-en, d’intensité ! Ni Cuaron ni Bullock ne nous lâchent d’un bout à l’autre du film, pas un seul instant, ils vous attrapent dés les premières réplique de « Houston » pour vous projeter violemment face contre terre à la fin.

La présentation du contexte et des personnages est en règle, dans les quinze premières minutes. Un commandant attachant, une spécialiste mal en point et stressée, des débris de satellites russes. On nous rappelle même en début de film les lois élémentaires de l’espace. Et puis un fracas gargantuesque, un fracas affamé. Stress, effroi, gigantesque trouille.

« C’est magnifique, n’est-ce pas ? L’aurore. »

Sans avoir besoin de plus d’un personnage, Cuaron nous déroule un scénario imprévisible, ficelé, cohérent. Sans avoir besoin de flash-backs, sans avoir besoin de longue narration, sans réplique culte, sans avoir recours à toutes ces techniques « artificielles », il nous balade dans l’histoire personnelle, nous fait même pleurer, nous fait ressentir chacune des émotions du personnage principal. Sandra Bullock est plus qu’essentielle. Les gros plans à différents points de vue se succèdent, et je vous assure que j’ai plus d’une fois eu envie de vomir. L’intensité est présente à chaque instant, chaque sentiment, et Cuaron utilise avec succès les bruits et la musique pour soutenir le déroulement des émotions, ou pour souligner l’incroyable silence de tout là-haut.

Gravity, c’est l’histoire d’une renaissance, l’histoire de la vie et de la mort, l’histoire de l’humanité qui cherche à aller plus loin dans sa connaissance de l’univers, l’histoire d’une seule Terre pour tous les terriens, pas l’histoire d’un pays.

Gravity ce n’est pas un film d’amour, ce n’est pas un film psychologique, ce n’est pas un drame. C’est juste, juste simplement, tout ça à la fois, juste le cinéma de demain. Rien de plus.

Je souligne aussi le formidable réalisme de l’absence de gravitation, le respect des lois physiques, les incroyables images de la Terre et des étoiles.

Cuaron délivre une performance : l’intensité émotionnelle fracasserait le plus accro des fans de films d’horreur, thrillers, films psychologiques. Les références présentes (surtout la scène de fin) au long du film viennent rappeler que l’on n’a pas affaire qu’à un technicien visionnaire (qui a créé la technologie inexistante dont il avait besoin pour tourner son chef d’œuvre), mais à un homme du cinéma, un créateur visionnaire inscrit dans l’histoire de son art.

A coté de Gravity, tout ce que j’ai pu voir jusqu’ici est obsolète, désuet, absolument pas inscrit dans l’incroyable modernité du 21° siècle, l’effroyable conscience de l’espace tout autour de la Terre. Au 20°, les Hommes craignaient d’être enterrés vivants et rêvaient de devenir astronautes. Au 21° les Hommes auront peur de mourir en apesanteur et chériront leur « bonne vieille Terre ».

Mon environnement ne m’a jamais semblé plus impertinent, plus rétrograde, plus insignifiant, qu’au sortir de Gravity. Je suis soufflée.

"Beautiful isn't it? The sunrise." | GRAVITY : essoufflant
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents