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Chroniques d'une esthète engagée

Chroniques d'une esthète engagée

"Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. (...) Il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences." Rimbaud


La problématique de l’amour en version courte. Quelques réflexions pour vous faire réfléchir.

Publié par Chloë Ange sur 16 Septembre 2013, 07:57am

Catégories : #Chronique

« L’amour est le problème des gens qui n’ont pas de problèmes ». Je suis bien d’accord avec Beigbeder. D’ailleurs je suis trop souvent d’accord avec Beigbeder, mais c’est un autre sujet.

« Se structurent dans le couple beaucoup de souffrances, on parle de sujet très sérieux : c’est immense le problème du couple. Le couple dans le mauvais côté c’est pour se fuir soi, c’est-à-dire l’individu totalement incomplet cherche dans l’autre la complétude. (…) Bon évidemment, c’est une idée un peu minable. Y a le couple sublime, y a le couple Sartre Simone de Beauvoir, ça, ça a de la gueule. Mais y a le couple fusionnel qui est intéressant, y a le couple normal « comment tu vas chérie ? T’as fait les courses ? Je redescends ? » Ca peut être magnifique. (…) Le couple référentiel qu’on admire est un lieu de revanches, est un lieu d’animosités, ce n’est pas un lieu béni. (…) Si je vivais en couple (…) faut qu’elle me sorte de moi. Ca, c’est pas possible. Personne ne peut te sortir de toi. » Ces derniers mots sont ceux de Fabrice Luchini, lors d’une interview avec Mireille Dumas.

Tomber amoureux c’est à peu près la même sensation que celle que tu as quand tu rêves que tu tombes sans t’arrêter. « Certaines tombent amoureuses. C’est pur, ça les élève, Moi j’tombais amoureuse comme on tombe d’une chaise » dit Benabar. Au-delà de l’idée de chercher la complétude chez une âme sœur, il y a l’idée de s’élever spirituellement, et de chercher à s’améliorer.

Le couple est une expérience immense. L’amour est une expérience immense. Ce qu’il y a de particulier dans l’amour c’est que c’est une expérience, un sentiment, une sensation, un concept, qu’il peut être vécu à l’intérieur de soi à l’extérieur de soi, et qu’il n’a aucune définition. Certains disent que la musique est le langage universel. D’autres que ce sont les mathématiques. Selon moi, rien n’est aussi universel que l’amour.

On peut être heureux sans amour et malheureux avec. Mais l’amour passionnel, scandaleux, dévastateur est une histoire universelle qui a déchainé tous les artistes, tous les cœurs, et qui est précisément au cœur du romantisme, l’un des plus grands courants littéraires (vous savez, celui qui a donné lieu au gothique en littérature, puis au gothique en musique, au punk en musique et au rock aussi, au baroque, au lyrisme, à l’image persistante que l’on se fait du poète : un artiste torturé mentalement).

On peut avoir une famille aimante, des amis aimants, des sujets d’étude ou de travail intéressants, un niveau de vie confortable, et pourtant être malheureux. Et ce malheur là provient de l’ennui. Je me souviens que dans l’Amour dure trois ans (F. Beigbeder), Jean-Charles, le meilleur ami du héros, lui dit « arrête, c’est moi qui t’envie ! » quand celui-ci le félicite de n’être jamais tombé amoureux.

« Tomber amoureux ». L’expression parle d’elle-même. Les amours que j’ai vécus ont commencé par des coups au cœur. Au-delà même du concept de « coup de foudre » que l’on associe aujourd’hui à une réaction hormonale, je me souviens d’avoir eu l’impression qu’on me sortait la tête de l’eau, que mon cœur donnait un grand coup pour m’envoyer autant d’oxygène que possible au cerveau parce que celui-ci semblait planer tout simplement. Je n’ai jamais aimé « avec la force du temps ».

Souvent, quand l’amour commence par un coup au cœur et qu’il est réciproque, la suite est un gigantesque vertige, un peu comme le can-can du film Moulin Rouge, et il est tout à fait probable que les quatre à dix ans suivants te paraissent, à rebours, flous.

Quand tu as connu ça, dis moi, comment t’en passer ?

« Du bonheur à l’état pur, brut, natif, volcanique, quel pied ! C’était mieux que tout, mieux que la drogue, mieux que l’héro, mieux que la dope, coke, crack, fitj, joint, shit, shoot, snif, pét’, ganja, marie-jeanne, cannabis, beuh, péyotl, buvard, acide, LSD, extasy. Mieux que le sexe, mieux que la fellation, soixante-neuf, partouze, masturbation, tantrisme, kama-sutra, brouette thaïlandaise. Mieux que le Nutella au beurre de cacahuète et le milk-shake banane. Mieux que toutes les trilogies de George Lucas, l’intégrale des muppets-show, la fin de 2001. Mieux que le déhanché d’Emma Peel, Marilyn, la schtroumpfette, Lara Croft, Naomi Campbell et le grain de beauté de Cindy Crawford. Mieux que la face B d’Abbey Road, les CD d’Hendrix, qu’le p’tit pas de Neil Armstrong sur la lune. Le Space-Mountain, la ronde du Père-Noël, la fortune de Bill Gates, les transes du Dalaï-Lama, les NDE, la résurrection de Lazare, toutes les piquouzes de testostérone de Schwarzy, le collagène dans les lèvres de Pamela Anderson. Mieux que Woodstock et les rave-party les plus orgasmiques. Mieux que la défonce de Sade, Rimbaud, Morisson et Castaneda. Mieux que la liberté. Mieux que la vie... » Monologue culte attribué à Guillaume Canet dans le film Jeux d’Enfants

Etre amoureux c’est du bonheur à l’état pur, peu importe les hauts et les bas, parce que ça t’occupe tellement l’esprit que rien ne semble te manquer, hors les manques que tu peux ressentir dans ton couple. Ca peut aussi être un amour à sens unique, mais un seul de ses sourires t’illumine une journée, et le fait de sentir ton cœur rempli d’amour vaut bien tout l’amour que tu ne reçois pas de sa part. Alors dis moi, quand t’as connu ça, comment t’en passer ?

Et quand tu ne l’as jamais connu, comment ne pas espérer, prier, supplier que ça t’arrive ?

Ce que je veux dire en citant Beigbeder et son « l’amour est le problème des gens qui n’ont pas de problèmes » c’est que même en ayant tout ce qu’il te faut pour être heureux, s’il te manque cette étincelle d’un prénom qui te trotte dans l’esprit dés le réveil, il te manque énormément. Peu importe que ce soit un prénom que tu maudisses ou que tu chérisses. L’essentiel dans l’amour c’est ce que tu donnes, et que bien trop souvent on finit par confronter avec ce que l’on reçoit. L’amour est une partie intégrante du bonheur en cela qu’il te ravive, te perturbe, te change, et a des conséquences qui perdureront ta vie entière. Et le bonheur, c’est bien connu, est un mélange de grandes douleurs et de grandes joies. On a tous besoin de quelqu’un à qui se dévouer parfois, au-delà du besoin de quelqu’un qui se dévouera pour nous.

« - Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose.

Et il revint vers le renard:

- Adieu, dit-il...

- Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. »

Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry

Je ne pense pas que l’on puisse vivre toute une vie sans en vouer une partie à un être que l’on maudira peut-être plus tard. L’amour pour être vécu doit être sorti du cadre de l’arbitrage du risque. Mais que l’on se rassure, il se sort bien tout seul de ce cadre.

Le problème du couple vient se structurer autour de l’amour : d’abord tu aimes sans pouvoir t’éloigner, et puis tu t’éloignes par nécessité, et ça entraine tout un tas d’incompréhensions et de non-dits. Aimer et être en couple ne va même pas forcément de pair. « Faire l’amour » n’est pas le synonyme « d’avoir du sexe » non plus. L’amour est un problème aussi gigantesque que a² + b² = c² è a3 + b3 = c3, qui n’a pas encore sa démonstration, et qui, il faut l’espérer, n’en aura jamais. « Scientifiser » l’amour lui enlève sa valeur, et savoir pour quelles raisons tu aimes c’est déjà savoir pour quelles raisons tu n’aimeras bientôt plus. « L’amour a ses raisons que la raison ignore. »

« - Je sais que ce n’est pas très original... L’amour est passion, obsession... Sa présence est vitale. Je veux dire : tombe à la renverse, trouve quelqu’un que tu aimeras à la folie et qui t’aimera de la même manière. Comment trouver cet homme ? Et bien, laisse de côté ta tête et sois à l’écoute de ton cœur. S’il bat en tout cas je n’entends rien. La vérité ma chérie c’est que sans amour, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Être passé sur cette Terre sans connaître l’amour, le vrai, et bien, c’est être passé à côté de la vie. Il faut essayer de le trouver, parce que si tu n’as pas essayé, tu n’as pas vécu.
- Bravo.
- Tu es cruelle.
- Excuse-moi. Redis le moi encore mais en version courte cette fois.
- D’accord... Sois prête. Qui sait ? Ça existe les coups de f
oudre. »

Rencontre avec Joe Black, William Parrish (Anthony Hopkins) à sa fille Susan (Claire Forlani).

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